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Chapitre 30 : Spectatrice
Le soleil se levait à peine, et la déesse déchue était déjà paisiblement assise dans le salon extérieur, plongée dans un des livres de Clio. La nuit avait été très courte, trop même, elle n'avait cessé de penser à cette histoire de vieillesse qui n'arrivait pas. Non pas qu'elle souhaitait mourir un jour, en tant que déesse, cette pensée la terrifiait, mais c'était malheureusement dans l'ordre des choses.
Mais ce qui lui faisait le plus peur, c'était de voir la famille de Zeus naître, grandir et vieillir, vivre et les voir mourir.
C'est pourquoi, quelque peu perturbée par cette pensée morbide, elle n'assista pas à l'anniversaire du petit Calliste. Thalye, au contraire, se tenait au premières loges, acclamant son grand frère en riant comme jamais.
- Thalye, j'avais dit pas sur le plan de travail, c'est dangereux ! lui rappela sa mère.
Et l'enfant ne répondit que par un regard et un sourire tout deux malicieux, peu encline à prendre les paroles de sa mère au sérieux.
Quelques minutes après que Calliste ait soufflé ses bougies, Clio déposa la petite fille à terre et grâce à l'animation dans la cuisine, elle put s'éclipser en douce pour découvrir enfin le reste de la maison. Jamais elle n'était descendue, seulement dans la cuisine pour les repas, mais elle passait le plus clair de son temps dans sa chambre avec son frère, ou à courir dans les couloirs au grand dam de sa mère, qui comprenait enfin Hestia quand elle râlait sur elle étant petite.
La fillette examina les environs, cherchant sans doute quelle bêtise elle pourrait faire pour s'occuper. Elle ne voulait pas embêter, elle trouvait juste tout ça amusant.
Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle s'approche de la table basse et que sans vraiment le vouloir, elle heurta un vase qui vint se fracasser contre le sol. Le bruit fut tel que Clio arriva quelques secondes plus tard pour découvrir une Thalye toujours aussi souriante, posant presque fièrement devant les restes du vase qu'elle venait de briser.
- Thalye ! tonna sa mère. Qu'est-ce que tu as fait ?
- Hihi...
Elle s'amusait du regard de sa mère, qui pourtant lançait des éclairs. Tout ceci n'était qu'une blague à ses yeux d'enfant, un moyen de s'amuser et de rire un peu... contrairement aux adultes qui ne faisaient que râler.
Hestia arriva à son tour dans la pièce et trouva Thalye riant de sa bêtise. Mais devant ses yeux rouges, le sourire de la fillette s'effaça doucement pour laisser place à une moue craintive. Elle ne connaissait pas très bien cette dame en rouge qui ne semblait pas amusée du tout, mais elle en avait un peu peur. Elle était... imposante.
- Désolée, lâcha-t-elle timidement en baissant la tête avant même qu'on lui demande des excuses.
- Alors petite sœur, on fait des bêtises et on est punie à rester dans sa chambre ?
- Ui... répondit-elle d'un ton déçue. Elle qui s'était fait une joie de découvrir la maison.
- Ne t'inquiète pas, je vais rester jouer avec toi.
Un large sourire se dessina sur le visage de la petite muse tandis qu'elle répondait au câlin de son frère.
Calliste commença à se cacher le visage, pour surprendre sa petite sœur ensuite, et elle l'imita, portant grossièrement ses petites mains à ses yeux.
- Hihi, je te vois plus, dit-elle simplement.
- Thalye, c'est pas drôle si tu fais comme ça !
- Si c'est drôle, rétorqua-t-elle en riant pour le lui prouver.
Le petit garçon ne put s'empêcher de rire à son tour, emporté par le rire contagieux de sa jeune sœur.
Après quelques heures de jeux, l'enfant décida de visiter pour la première fois sa chambre, faite spécialement pour son anniversaire. Les couleurs choisies étaient parfaites et il pensa qu'il serait bien ici.
- Merci maman... Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime Calliste.
Mère et fils passèrent le reste de l'après-midi ensemble à discuter et jouer à la console. Malgré son jeune âge, Calliste semblait doué à ce jeu de voiture dont sa mère n'avait aucune idée de comment gagner. Ce fut après une heure de jeu et de rires que la muse se leva et posa sa manette sur le pouf, vaincue.
- C'est l'heure d'aller au lit ! Dors bien mon grand.
- Bonne nuit maman !
Et obéissant comme il était, il éteignit sa console pour se glisser sagement dans son nouveau lit.
Quand Clio arriva dans la nurserie que Thalye ne partageait désormais plus avec son grand frère adoré, la petite fille dormait déjà profondément. Avec le regard bienveillant d'une mère, elle la regardait. Pour la première fois de sa vie, la muse n'était plus seule. Il y avait maintenant une deuxième muse sur cette terre, quelqu'un qui pourrait un jour comprendre ce poids des origines, lorsqu'elle aurait la maturité pour le comprendre. Pour le moment, la fillette dormait, loin de toutes ces légendes et tous ces mythes concernant sa grande famille divine.
Clio ne se faisait pas de soucis pour elle. Déjà à son très jeune âge elle semblait insouciante et sûre d'elle. Elle saurait avoir le poids de ce secret sur ses épaules. Lentement, elle se pencha par dessus le berceau et déposa un baiser sur le front de Thalye, dont la bouche s'étira alors en un sourire.
Les jours passèrent, tous semblables et différents à la fois. La petite famille avait trouvé une sorte de routine quotidienne qui ne semblait déplaire à personne. Clio aurait évidemment voulu plus d'aventures dans cette vie, mais avoir deux enfants nécessitait de s'en occuper et de gagner de l'argent, car malgré l'immense fortune laissée par Zeus, les dépenses allaient bon train avec l'entretien d'une maison d'une telle envergure. Cela laissait donc que très rarement le temps aux parents de s'adonner à leurs passions pour leur plaisir personnel.
Tout aussi rarement, ils se retrouvaient seuls, rien que tous les deux comme durant leurs premières années de vie commune. Et en ce samedi plutôt ensoleillé pour la saison, Clio avait négocié avec Hestia pour qu'elle garde les enfants.
- La journée rien que pour nous deux ? demanda Andreïs, étonné tant la chose arrivait peu souvent ces derniers temps.
- Rien que pour nous deux.
- Sans les enfants ?
- Sans les enfants.
- Et qu'est-ce qu'on peut bien faire ? susurra-t-il.
- Tout ce qu'on veut.
Elle déposa un baiser sur ses lèvres pour finir blottie dans ses bras, comme une jeune amoureuse.
Quelques minutes plus tard, le jeune Calliste entra dans la cuisine où Hestia préparait le petit déjeuner. Curieux de savoir ce qu'elle faisait, il s'accouda sur le rebord du four et observait avec attention comment les doigts longs et fins de la déesse rouge pétrissaient grossièrement mais avec grâce le pain.
- Tu veux essayer ? lui proposa-t-elle finalement après plusieurs minutes à le regarder du coin de l'œil.
- M-moi ?
Il était connu que l'enfant avait hérité de la timidité de ses parents, le rendant d'une timidité maladive pouvant être presque inquiétante. Alors à la vue de cette grande dame pleine d'allure dont on devait immédiatement le respect, il se sentait quelque peu mal à l'aise. Il ne comprenait pas vraiment quel lien la liait avec sa famille, il savait seulement que sa mère l'aimait énormément.
Elle lui fit signe de s'approcher et il s'exécuta prudemment. Il se mit à la tâche et commença à pétrir lui même, un sourire de satisfaction finissait par s'afficher sur son visage d'enfant. Ce n'était pas grand chose comme expérience, mais ce simple avant goût était assez pour affirmer qu'il aimerait apprendre à cuisiner.
- Tu t'en occupes, je vais réveiller ta sœur.
Trop timide pour répondre, il se contenta de pétrir encore, fier de cette, petite certes, responsabilité.
Thalye dormait toujours quand Hestia entra dans la nurserie et fut un peu apeurée en voyant la grande dame rouge sévère au dessus de son berceau. Elle préférait de loin le doux visage souriant de sa mère qui venait la réveiller avec douceur chaque matin que cette dame dont le nom lui échappait toujours.
Étrangement cette antipathie était réciproque. Hestia avait été la première étonnée en découvrant qu'elle n'appréciait pas Thalye autant que Clio ou même son frère aîné Calliste. Il y avait quelque chose chez cette enfant qui la dérangeait, peut être son tempérament trop insouciant et insolent pour une enfant de son âge, elle qui s'était habituée au calme platonique des autres bambins de la famille de Zeus. Mais elle s'en occupait car elle était la fille de Clio, et même si elle ne la considérait pas comme sa petite-fille, elle était une muse et il était son devoir de veiller sur elle.
- Thalye, arrête de couiner, demanda-t-elle d'un sec alors que la fillette exprimait son refus de venir dans les bras de cette dame qu'elle n'appréciait guère par des gémissements. Je croyais que tu étais vantée pour ne jamais faire de caprices !
Vexée, la petite muse croisa les bras tandis qu'Hestia se demandait pourquoi par l'Enfer il avait fallu qu'elle tombe sur la famille d'un dieu aussi caractériel que Zeus.
Après un petit déjeuner plus calme que le réveil, Hestia laissa Thalye s'amuser dans sa chambre aux côtés de son frère pour se reposer au fond du jardin. La déesse déchue admirait sa fille adoptive de s'occuper d'une enfant aussi dynamique que Thalye. Sa bonne humeur et son sourire constants faisaient certes du bien à voir, mais à côté, l'hyperactivité de Clio n'était rien.
En vérité, le plus gros problème de cette enfant était la menace qui pesait sur elle. Clio avait énormément souffert de ses jeunes années et rien ne semblait arrivé la nouvelle muse. Il était indéniable que tout le monde dans la maison craignait le jour où le traître se manifesterait, et ce stress constant pesait lourd sur leurs esprits.
Calliste, loin de tout ce stress qui embaumait la villa, avait demandé à Hestia de descendre du grenier la cuisinière pour enfant qui avait d'abord était destinée à Clio lorsqu'elle était enfant et au vu de son niveau catastrophique en cuisine, il était évident qu'elle ne s'en était jamais servi. La déesse rouge lui avait aussi laissé de quoi faire une pâte à gâteau ainsi qu'une recette dans la cuisine, lui laissant l'opportunité de s'exercer dans sa passion toute neuve.
Après quelques muffins confectionnés, la porte s'ouvrit doucement et entra sans cortège la petite Thalye, qui vint s'asseoir devant la commode de son frère. D'un œil envieux, elle lorgnait le muffin qui trônait sur la cuisinière et elle passa sa petite langue sur ses lèvres, désireuse de connaître le goût de la patisserie.
- Il est trop chaud Thalye, tu te brûlerais.
N'y prenant pas garde, elle s'aventura jusqu'à l'objet de ses envies et l'enfourna dans sa bouche, avant d'offrir à Calliste un sourire chocolaté.
- Chauuuud... souffla-t-elle simplement tout en mâchant. Mais bon ! Encore !
- Laisse moi le temps de refaire de la pâte à la cuisine. Tu restes tranquille ici, d'accord ?
Elle hocha la tête et l'aîné partit à toute jambe refaire le stock de pâte, peu sûr que sa sœur soit capable de rester tranquille pour dix minutes. La seule chose qu'il espérait, c'était qu'elle ne se blesse pas.
À l'autre bout de la ville, la pluie avait commencé à tomber alors que les époux sortaient de leur séance de cinéma.
- Pourquoi à chaque fois qu'on va au ciné, il pleut après, et pas pendant ? se lamenta Clio.
- Peut-être un signe pour nous dire de rester voir un deuxième film, suggéra son mari en la prenant par les épaules.
- Pour revoir un film aussi nul que celui qu'on vient de voir ? Non merci !
- J'avoue que j'ai déjà vu beaucoup mieux. Que proposes-tu ?
- Que l'on reste comme ça, jusqu'à ce que la pluie passe...
- Avec plaisir, conclut-il en déposant un baiser sur sa joue.
Clio sourit. Après toutes ses années, tous les problèmes dont ils avaient fait face, leur vie de famille chronophage, ils s'aimaient comme au premier jour et se comportaient comme des adolescents. Elle avait eu raison de penser qu'Andreïs serait son premier et dernier amour.
- Thalye, qu'est-ce que tu fais ?!
Calliste avait eu le bon reflexe de poser son saladier rempli de pâte à muffin au lieu de le faire tomber par terre avant de s'élancer vers sa jeune sœur, qui se trouvait la tête en bas et les jambes en l'air.
- Hihi, tu marches au plafond ! remarqua-t-elle de ses yeux d'enfant inconscient du danger.
- Assieds toi correctement avant de te faire mal ! Thalye !
Son ton était tellement sévère comparé à d'habitude que Thalye fut consternée. Entendre son frère si timide, si calme élever la voix était impressionnant. Lentement, elle rapprocha ses jambes du sol et prit une position convenable, son sourire ayant disparu.
- Désolée Thalye, je voulais pas te crier dessus... Tu m'as fait peur, c'est tout, avoua-t-il tout bas, honteux d'avoir pu paraître méchant.
Pour le consoler, la fillette lui offrit ses bras, dans lesquels il vint se réfugier.
Le reste de la journée se passa tranquillement. Thalye, ayant compris que ses actions pouvaient avoir un impact sur son frère, s'était relativement calmée et avait attendu les patisseries du garçon en parcourant bruyamment sa chambre. Sa plus belle découverte restera le livre d'images de Calliste lorsqu'il était plus jeune, et que la fillette avait adoré feuilleter à son tour, assise silencieusement - ou presque - sur le lit.
L'arrivée d'Hestia gâcha grandement son plaisir, encore plus lorsque la déesse déchue rappela qu'il était l'heure de dormir. Mais la jeune muse avait décidé de se montrer plus forte que la dame en rouge et elle refusa de bouger du lit de Calliste en souriant malicieusement, sa plus grande arme. Malheureusement, rien de tout ces artifices ne fonctionnaient sur Hestia, qui malgré les protestations de la fillette, la posa dans son berceau pour la nuit.
La déesse passa ensuite dans la chambre de l'aîné pour s'assurer que tout allait bien et qu'il était prêt à dormir.
- Alors, comment s'est passé ta cuisine ?
- Bien, Thalye a adoré mes pâtisseries, répondit-il, ne sachant quoi ajouter de plus.
- Parfait. Dors bien alors !
- Bonne nuit !
La déesse déchue regrettait de ne pas être plus proche de cet enfant certes timide, mais adorable. Seulement depuis qu'elle savait que lui mourrait et qu'elle vivrait, toujours aussi jeune, elle s'empêchait, parfois contre son gré, de se rapprocher de lui. Et même si cela lui fendait le cœur, elle ne pouvait se permettre d'intervenir dans toutes les vies que cette famille accueillerait, ni de devoir supporter la douleur de les perdre les uns après les autres.
Désormais, Hestia ne faisait plus partie de la famille. Elle ne serait plus qu'une spectatrice.
Hello les gens ! Je sais, j'ai mis un peu de temps pour sortir ce chapitre, désolée, mais comme je l'ai expliqué je sais plus où, j'ai traversé un mini passage à vide tout gentil tout plein où je faisais que dalle. Mais ça va mieux, parce que j'ai réglé tous mes petits problèmes, mwahaha 8D
Bref, apu de photos en stock, va falloir jouer nom de Zeus.
J'vous aime ♥
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