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Le legacy des Muses
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2 juin 2017

Chapitre 102 : Memories

[Memories]

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Ils avaient un rituel, quand ils allaient marcher. Ils se levaient aux premières lueurs du jour, chacun ouvrait la fenêtre de sa chambre, pour laisser entrer l’air frais, et ils se retrouvaient ensuite dans le couloir. Par ils ne savaient quelle connexion, ils sortaient toujours en même temps et ils se souriaient alors pour se saluer, et se dirigeaient ensemble vers la cuisine, pour y prendre leur petit-déjeuner, tout en vérifiant sur leur carte leur trajet.

Screenshot-92

Depuis dix ans, il n’y avait plus personne, à l’autre bout du couloir, mais Ellie continuait à sourire en direction de la porte d’où était sorti de si nombreuses fois son père. Elle continuait de vérifier sur la même vieille carte, rafistolée au scotch, le trajet qu’elle prendrait, ou tout du moins, celui qu’elle devait plus ou moins suivre. Il y avait toujours un chemin, qui s’éloignait de celui qu’il fallait prendre et, trop curieuse, elle faisait souvent des détours. C’était ainsi qu’elle découvrait les plus belles choses que la montagne avait à lui faire voir.

Le trajet qu’elle prendrait aujourd’hui était quelque peu approximatif. Elle ne savait pas exactement où se trouvait l’étoile terrestre, elle savait juste qu’elle se trouvait quelque part sur la crête de la montagne dont le sommet s’appelait l’Olympe. Il y avait des chances pour qu’elle ne tombe pas dessus, qu’elle la rate de quelques centaines de mètres, une fois sur le terrain, il n’était pas simple de se repérer correctement. Mais malheureusement, sa carte ne montrait pas les refuges. Car c’était forcément un refuge, non ?

Elle replia sa carte et la fourra dans son sac à dos, celui qu’elle avait récupéré à la mort de son père. Puis quelques minutes plus tard, elle était prête à partir.

Comme à son habitude, elle passa par la boulangerie, la seule de la ville, pour y prendre un sandwich tout simple, qu’elle emportait avec elle pour le déjeuner. Quand elle y entrait, elle n’avait même pas besoin de passer commande. Le boulanger avait l’habitude de voir cette gamine venir depuis qu’elle avait l’âge de marcher, et elle avait ses habitudes qu’elle ne changerait pour rien au monde. Quand il voyait cette petite tête rousse passer le pas de sa porte si tôt le matin, il savait tout de suite ce qu’il devait préparer.

Puis le rituel changeait un peu, par rapport à ce qu’il était à l’époque. Avant, Ellie et son père partaient directement dans la montagne pour y faire leur randonnée, mais depuis, Lukas avait ouvert son magasin, sur le chemin, et Ellie arrivait toujours à l’heure de l’ouverture.

- Salut Lukas !

- Hey, Ellie ! Tu vas où cette fois-ci ?

- Sur la crête de l’Olympe.

Elle l’observa arranger ses portants dehors, pour attirer l’œil des clients potentiels, quand elle remarqua qu’il y avait beaucoup de réductions, assez importantes pour la plupart d’entre elles.

- C’est les soldes ? demanda-t-elle, curieuse.

L’éternel adolescent releva la tête, regarda avec tristesse les étiquettes -70%, souffla.

- Déstockage, répondit-il simplement. Je ferme à la fin de la saison.

- Quoi ? s’étrangla Ellie. Pourquoi ?

- Les affaires marchent pas fort… C’est trop petit à Bearwell pour ce genre de commerce. Je vais partir dans une plus grande station.

- Gus est au courant ?

Gus serait le premier affecté par cette nouvelle. Le magasin de Lukas était incontestablement son préféré, c’était son repère, et Lukas un très bon ami, Gus pouvait passer dans son magasin des journées entières, à discuter avec lui de leur passion commune. Apprendre son départ allait lui faire un grand choc. Ellie, elle, était quelque peu attristée, c’était toujours triste de voir un endroit que l’on connaissait bien fermer, de voir sa ville changer, mais la vie était ainsi faite. Elle ne souhaitait que le meilleur pour Lukas, et le meilleur se trouvait ailleurs, dans d’autres montagnes.

- Pas encore. J’ose pas imaginer le moment où il l’apprendra… avoua le trentenaire avec une moue.

- Ca va faire bizarre, sans toi.

- Et ça va faire bizarre, de tenir un magasin sans vous voir. Je vais perdre mes meilleurs clients. Mais je suis encore là jusqu’à fin août, alors stoppons ici la déprime et va marcher ! lui ordonna-t-il avec un sourire qui se voulait tranquille, mais qui trahissait une profonde tristesse.

Lukas avait toujours vécu ici, à Bearwell. Ellie n’osait imaginer ce que ça devait faire que de quitter ses montagnes natales.

Néanmoins, elle répondit à son sourire le plus chaleureusement possible, avant de continuer son chemin, en direction de la montagne qui retenait son attention tous les soirs depuis plusieurs jours.

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Ellie marchait depuis sa plus tendre enfance. Le jour où elle avait enfin réussi à maîtriser totalement la marche, son père, fou de joie d’enfin voir son enfant être capable de le suivre dans sa passion, l’avait emmenée dans la montagne, derrière chez elle. Ils n’avaient pas beaucoup marché, les petites jambes de la bambine étant encore trop fragiles, mais ils étaient restés des heures dehors, à observer la montagne s’éveiller. Ce fut la première fois qu’Ellie entendit parler du chant de la montagne, bien qu’elle ne s’en souvint pas. Son premier souvenir du chant de la montagne était bien plus récent, quand, aux alentours de quatre ans, son père s’était accroupi à ses côtés.

- Tu entends, Ellie ?

Elle n’avait pas su quoi entendre, ce jour-là, la montagne était toujours emplie de bruits divers, d’animaux qui se hâtaient dans les fourrées, du vent qui s’amusait avec les feuilles des arbres, de rivières qui coulaient paisiblement dans leur lit, et d’oiseaux qui piaillaient joyeusement. Elle n’avait pas compris, à l’époque, que c’était tout ça qu’elle devait entendre.

- C’est la montagne que tu entends. Son chant.

Elle fit sa première pause une heure plus tard, après l’un des passages les plus difficiles, où elle devait montrer plus de quatre cents mètres de dénivelé en moins d’un kilomètre. Elle se trouvait toujours en pleine forêt, entourée de centaines de sapins dont l’odeur chatouillait constamment les narines de la jeune fille. Elle se posa sur l’un des rochers de l’énorme éboulis, qui était là depuis toujours, et sortit une barre chocolatée, qu’elle engloutit en l’espace d’une seconde. Puis elle ferma les yeux.

- Pas trop haut, Ellie, c’est dangereux.

La petite fille qu’elle avait été fit la moue et, sans écouter les recommandations de son père, continua à sauter de rochers en rochers, grimpant toujours plus haut. Elle n’avait que quatre ans, mais elle semblait suivre les traces de son père. L’escalade coulait déjà dans ses veines, et dès qu’elle voyait le moindre rocher, elle se devait d’aller chercher un moyen d’atteindre son sommet, aussi bas fut-il. Son père en était ravi, mais il aurait aimé qu’elle fût moins intrépide. Elle pouvait se mettre en danger, comme ce jour-là, à grimper dans un éboulis dont les rochers pouvaient se révéler instables.

- Ellie, j’aimerais que tu descendes, s’il-te-plaît, répéta-t-il plus fermement.

- Mais pourquoiii ? gémit-elle en haut du tas de pierres.

- Parce qu’il ne faut pas sous-estimer la montagne. Je te l’ai déjà dit, elle peut être dangereuse.

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Que la montagne fût dangereuse, il le lui avait souvent répété, au fil des années, jusqu’à ce que ce danger qu’elle représentait l’emportât. Avant ce tragique évènement, la petite fille n’avait jamais vraiment considéré la montagne comme dangereuse. Depuis, tout ce que son père lui avait dit à ce propos lui revenait régulièrement en mémoire, et elle comprenait.

Elle marchait depuis plus de trois heures maintenant, et le soleil approchait son zénith. Elle était encore loin de sa destination finale, comme à son habitude, elle avait dévié du chemin pour partir à la découverte de sentiers que plus personne n’empruntait. Elle adorait ces sentiers, tout comme son père avait pu les adorer quand il était encore de ce monde. C’était là qu’on voyait les plus belles choses de la montagne.

- Et là, tu vois, c’est un edelweiss, c’est très rare, on a eu de la chance de tomber dessus.

L’enfant s’accroupit aux côtés de la fleur étoilée, fascinée, tandis que son père lui expliquait tout ce qu’il savait sur elle. Son père savait énormément de choses sur ce qui habitait la montagne. Il semblait connaître toutes les fleurs, tous les arbres, tous les animaux, il avait toujours quelque chose à dire à leur propos et il enseignait tout cela à sa fille avec une passion indéniable.

Maintenant qu’elle était grande, Ellie regrettait que son père fût parti aussi tôt. Il y avait encore tant de choses qu’elle ignorait, tant de fleurs dont elle ne savait rien, comme celle-ci, devant elle.

Elle s’arrêta pour manger, les rires partagés avec son père en tête. Elle n’était pas triste, non, ça faisait dix ans qu’elle marchait avec le fantôme de ce père disparu trop tôt à ses côtés. Elle aimait se remémorer tous ces bons souvenirs qu’elle avait passé avec celui-ci qui lui avait transmis l’amour fou pour la montagne. Il était là, quelque part, dans ces montagnes, et il écoutait toujours le chant de la montagne.

Bientôt, la jeune fille quitta la forêt se retrouva dans ce qu’elle appelait les plaines. C’était loin d’être une plaine, à moins qu’une plaine puisse avait plusieurs centaines de mètres de dénivelé, mais il n’y avait presque rien, ici, seulement quelques cailloux et quelques fleurs qui poussaient là, dans l’herbe. Ce qu’elle appelait les plaines n’étaient autre que les pâturages.

Ce n’était clairement pas sa partie préférée de la montagne. Il y avait certes une vue magnifique sur les montagnes en face, mais il y avait beaucoup moins de curiosités qui retenaient son attention. Elle ne s’arrêtait que peu souvent, quand elle passait là, elle se contentait de marcher.

Mais ce jour-là, elle trouva de quoi s’arrêter. Elle venait de trouver son étoile.


Ayez pitié de ma productivité, je me suis acheté une switch ;_;

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Commentaires
M
Ce qu'on t'a pas dit, Ellie, c'est que Gus est un employé du magasin, il sert à donner envie aux gens d'acheter les fournitures, en achetant pleins de trucs ;) donc il part avec lukas, et tu te retrouves solo<br /> <br /> Ah non y a euterpe aussi cévré<br /> <br /> <br /> <br /> Aaaaaaah l'étoile du Petit Prince ! On va retrouver ton daron jte l'avais dit la gueuse !
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P
C'est tellement beau, ce texte nostalgique, et ce symbole : refaire la marche et les souvenirs affluent, refaire le trajet de sa vie... Elle a trouvé son étoile, et nous attendons -nous pauvres lecteurs- de la découvrir...
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L
UNE SWITCH? Hanw *w*<br /> <br /> <br /> <br /> C'était un super chapitre j'aime beaucoup !<br /> <br /> Par contre ça manque de relecture tout ça
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O
AAAAAAH, ENFIN Ellie et son papa <3<br /> <br /> <br /> <br /> Les deux photos rendent la seconde vraiment vraiment triste :(<br /> <br /> <br /> <br /> "Mais pourquoiii?" Oh seigneur j'adore xD<br /> <br /> <br /> <br /> C'EST QUOI L'ETOILE?<br /> <br /> <br /> <br /> ELLE EST OU ERATO?<br /> <br /> <br /> <br /> C'EST QUOI LA SWITCH? (J'habites dans un grotte, sorry, une grotte avec wifi)<br /> <br /> <br /> <br /> POURQUOI TANT DE QUESTION?
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N
Ah la switch d'accord<br /> <br /> Pauvre Ellie :( les passages avec souvenirs de son père me rendent toujours un peu triste, ils étaient trop chous
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